Métro, boulot, dodo, fini tout ça ! Systèmes analytiques des 80’s, hiérarchies descendantes et travail pour rémunération uniquement, on n’en veut plus. Hello le vrai sens de notre mission, la cohésion entre vie privée et professionnelle et la fierté d’une journée de travail qui trouve sa place dans le monde environnant. La génération Y donne le ton des années à venir. Pour autant, confinement et télétravail amorcent aussi un virage radical chez les quadra et quinqua. Salariés, entrepreneurs, professions libérales, tous évoluent et le monde de l’entreprise n’a d’autre choix que de s’adapter. La recherche de sens au travail se place désormais au cœur des préoccupations. Les pour qui, pourquoi et pour quoi martèlent le cerveau de celui qui se lève le matin pour partir à la tâche. Comment s’aligner à ses valeurs, trouver son ikigai et définir sa mission de vie ? Voyage au centre du XXIe siècle pour trouver quelques éléments de réponse sur notre vraie raison de travailler.
Les « millennials », aussi dénommés « génération Y », sont les personnes nées entre 1980 et 2000. Cette frange de population a grandi pendant le boom technologique de la fin du XXe et le début du XXIe siècle. Les millenials, natifs du numérique, s’adaptent facilement à leur environnement.
Parmi les stéréotypes qui leur collent à la peau : une indépendance vis-à-vis de leurs employeurs. Pourquoi ? Car les millennials attachent plus d’importance à leur propre autonomie et à l’épanouissement au travail que les générations précédentes. Ces jeunes actifs n’hésitent pas à quitter un poste s’il ne leur apporte plus ces éléments.
Considérés comme des personnes collaboratives, ils acceptent de moins en moins la hiérarchie verticale, et le salaire n’est plus leur seul facteur de motivation.
Nés dans un monde qui évolue à une vitesse vertigineuse, les millennials montrent une forte appétence pour le changement. La génération Y change plus souvent d’entreprise ou de poste que leurs prédécesseurs, par souci d’échapper à la routine mais aussi pour satisfaire une recherche de « sens quotidien ».
En effet, pour accepter de s’engager durablement avec un employeur, ces nouveaux profils visent un véritable épanouissement professionnel. Ils parlent avant tout de bien-être et d’harmonie au travail. Ils recherchent aussi un équilibre harmonieux entre vie personnelle et professionnelle.
L’omniprésence du digital et du télétravail contribue à cette confusion.
L’essor exponentiel du numérique et l’ancrage du home office font émerger de nouveaux défis. Pour les salariés, il s’agit de concrétiser la séparation entre les sphères privée et professionnelle. Quant aux entreprises, elles doivent se montrer plus flexibles et se mettre davantage à l’écoute de leurs salariés. Pour preuve, l’importance croissante portée à l’intelligence émotionnelle et relationnelle des managers.
Entre 2009 et 2019, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté de près d’un million, faisant grimper le total d’entrepreneurs à 3,6 millions. Cette explosion était déjà considérable, et la crise sanitaire en lien avec le coronavirus a encore accentué le phénomène.
La pandémie de Covid19 et les confinements successifs ont largement impacté les habitudes des français. Beaucoup ont été contraints de cesser leur activité, tandis que d’autres ont découvert le travail à distance. Autant d’occasions pour les salariés de l’hexagone de repenser un modèle traditionnel bien ancré.
Cette période trouble a représenté une véritable opportunité pour nombre de travailleurs qui ont alors reconsidéré leur statut professionnel. D’après une enquête Malt et Drag’n Survey menée du 14 au 16 février 2021 sur 4 catégories socio-professionnelles (cadres et professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; sans activité professionnelle), 43 % des actifs interrogés envisagent désormais de choisir le modèle du freelancing.
La volonté d’aller vers un tel changement de statut est imputable à plusieurs facteurs :
Inversement, il existe plusieurs freins au changement :
Interrogeons-nous sur les causes de ce nouveau Graal. Qu’est-ce exactement que ce « sens » que beaucoup tiennent absolument à replacer au centre de leur vie professionnelle ? Quels facteurs favorisent l’abandon de la recherche absolue de profit ou d’une « carrière » en faveur d’un parcours professionnel faisant sens pour chaque individu ?
D’après la psychologue autrichienne Tatjana Schnell, de l’université d’Innsbruck, le sens de l’existence se reconnaîtrait à « quatre caractéristiques ».
Fini la quête éperdue du bonheur et la seule recherche du bien-être au travail ! Ces objectifs semblent bien avoir été supplantés dans le cœur des travailleurs par la recherche de sens et l’alignement avec des valeurs personnelles.
Il s’agit désormais de donner une signification à sa vie par l’intermédiaire du sens de son parcours professionnel. Il est crucial d’exercer une activité professionnelle qui contribue à la marche du monde tel que nous le concevons. Notre emploi doit nous donner un rôle dans la société pour contribuer, chacun à son niveau, à l’effort collectif que représente la vie sur terre.
Se sentir utile est devenu un réel enjeu professionnel.
Les travailleurs accordent aujourd’hui une place de choix à la concordance entre leur emploi et leurs valeurs. Ces dernières revêtent une importance bien sûr toute subjective. Elles représentent ce qui est, pour chacun, digne de la plus grande estime et considéré comme un idéal à atteindre ou quelque chose à défendre. Ces points éminemment valables et qui méritent tous les efforts constituent nos valeurs essentielles. Quand ils entrent en conflit avec le bureau, c’est ce dernier qui doit s’effacer. Les salariés de 2022 ne s’assoient plus sur leurs valeurs, qu’elles concernent une certaine éthique professionnelle, des engagements écologiques ou sociétaux.
Parallèlement, tenir des fonctions à haut niveau mais contraires à ses valeurs profondes perturbe, dérange et déséquilibre, amenant parfois à des situations de non retour. En témoigne, le dernier film avec Vincent Lindon, Un autre monde. Le scénario dépeint un cadre supérieur forcé de lutter contre ses opinions (humaines et de performances industrielles), ses propres collègues et son comité de direction afin de satisfaire la politique de sa hiérarchie. Il met en péril son couple, sa santé. Le film zoome aussi sur un autre sujet très délicat, cette même pression infligée à nos étudiants. Le oser dire, l’authenticité et l’honnêteté le sortiront de cet enfer, mais à quel prix ?
Nombre de salariés ont-ils pris conscience de leurs « bullshit jobs » ou « emplois à la con », d’après l’expression inventée et assumée par l’anthropologue américain David Graeber ? Selon lui, notre société moderne a causé l’aliénation de la majorité des employés de bureau, car ils dédient leur existence à des tâches inutiles et vides de sens.
D’après la définition de Graeber lui-même, les « jobs à la con » sont donc « une forme d’emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflu ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu’il n’en est rien ».
La corrosive théorie de Graeber repose sur cette dérangeante interrogation : si ma catégorie d’emploi disparaît, quelles en seraient les conséquences sur la société ? Si aucun impact n’est à déplorer, c’est donc que la vacuité de l’emploi est avérée.
D’où proviennent les pathologies affectant les travailleurs tel le « brown out » ? On parle de « baisse de courant » ou encore de « démission intérieure » pour reprendre l’expression de la psychologue Nadia Droz . Il s’agit d’une intense sensation de malaise de travailleurs ne comprenant plus les finalités de leur activité.
Infiniment plus courant, le phénomène du burn-out s’amplifie chaque jour. Il s’agit d’un syndrome d’épuisement physique, émotionnel et mental en lien direct avec une dégradation du rapport du salarié à son travail. Le burn-out, ou épuisement professionnel, se caractérise par trois éléments :
L’Organisation mondiale de la Santé a mis en place une nouvelle classification internationale des maladies, appelée « CIM-11 », entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Le burn out n’en fait toujours pas partie: il est considéré comme un « phénomène lié au travail ».
En France, ce trouble peut être reconnu comme une maladie professionnelle, sous certaines conditions. Selon les données de l’Assurance Maladie, les troubles psychosociaux (dépressions, burn out…) sont en hausse, qu’ils soient reconnus en maladie professionnelle ou en accident du travail. En cause : le mal être au travail ou l’agression (physique ou verbale, incivilité) d’un salarié en contact avec le public. Une hausse de 37% par rapport à 2019 des cas de maladies professionnelles relevant de troubles psychosociaux a notamment été enregistrée.
De récentes études en psychologie démontrent que la perception d’un vrai sens dans l’existence résonne profondément sur notre quotidien et notre santé. Lorsque l’on estime que sa vie a un sens, on est globalement plus satisfait, optimiste, davantage inséré socialement et plus apte à affronter le stress. Inversement, quand on est incapable de trouver un sens à son existence, les risques d’anxiété et de dépression augmentent, parfois jusqu’à penser au suicide. Les personnes qui trouvent un sens à leur vie ont un risque moindre de mortalité liée à un infarctus, un AVC ou une démence. De même, pour ces sujets, les processus inflammatoires qui sous-tendent de nombreuses maladies chroniques semblent diminués.
Okinawa est une île du Japon surnommée « l’île des centenaires ». On y trouve en effet un nombre record de personnes à la longévité exceptionnelle. À tel point qu’à l’entrée du village d’Ogimi, on trouve une stèle portant des mots signifiant à peu près : « À 80 ans, vous êtes jeune. À 90 ans, si vos ancêtres vous invitent à les rejoindre au paradis, demandez-leur d’attendre que vous ayez 100 ans – alors, vous pourrez y réfléchir. »
Le monde entier garde les yeux rivés sur Okinawa afin de percer le secret de cette extraordinaire longévité. Une étude scientifique, l’Okinawa Centenarian Study, scrute d’ailleurs le phénomène depuis 1975. Il semble que trois facteurs principaux soient en jeu : la génétique, le mode de vie et un régime alimentaire sain.
Parmi les pratiques sociales positives omniprésentes à Okinawa : l’ikigai. Il s’agit d’une vraie philosophie de vie qui consiste à donner un sens à son existence et à se connecter à son essentiel. Une fois son ikigai identifié, on retrouve une raison d’être, l’énergie de se lever le matin et la joie de vivre. L’ikigai, sorte de sentiment intense, nous unit à notre talent majeur. Trouver son Ikigai consiste à se connaître, s’accepter en profondeur et par conséquent être en cohérence avec son « grand pourquoi ». On rejoint là Socrate et sa notion de « Connais-toi, toi-même ».
Ainsi la société à Okinawa est structurée pour que les plus vieux résidents de l’île conservent un but dans leur vie. Toujours à Ogimi, l’un des ikigai les plus courants est le tissage. Des groupes de femmes âgées prennent en charge le nettoyage des fibres et le bobinage du fil. Elles contribuent ainsi à l’économie du village, restent socialement actives et complètent leurs revenus. Au Japon, le travail n’est pas perçu comme une contrainte, mais plutôt comme une possibilité de se révéler et de vivre dans la joie et la santé.
Nos sociétés occidentales commencent à s’intéresser à la sagesse du concept de l’ikigai et à l’intégrer dans la vie quotidienne tout autant que dans les pratiques professionnelles. Les bienfaits de l’ikigai appliqué à la vie professionnelle des actifs sont indéniables. Certains coachs pour entrepreneurs en font leur spécialité.
La recherche de sens et l’alignement le plus net avec ses valeurs personnelles représentent les nouveaux enjeux du monde professionnel actuel. Il s’agit de questions de premier plan, capables d’influencer la santé psychique et physique de l’individu. Certains ont déjà fait le grand saut. Dans le vide ? Non, au contraire ! Guidés par leur vérité intérieure, ils ont atterri au plein centre de leur ikigai. Découvrez-les dans la galerie de portraits. Ils ont fait de la quête de sens leur priorité. Leurs témoignages profonds et riches d’humanité crient de sincérité.
sources :
https://www.dragnsurvey.com/blog/enquete-malt-dragnsurvey-impact-crise-covid19-devenir-freelance/
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