À l’image du récit de ce livre, la pensée d’Emmanuel a évolué pendant l’écriture. Comme il l’explique, tout a commencé par la demande de ses proches. Malgré de nombreuses sollicitations, il reste dubitatif face à ce projet puis il se décide. « Ce livre, je vais l’écrire pour Perrine. Pour mes filles et pour Perrine. », me dit-il dès notre première rencontre.
La transmission, c’est difficile. Les nouveaux managers de transition découvrent Cahra, son approche systémique et humaniste. Les plus chevronnés, eux, sont déjà sensibles aux concepts chers à Emmanuel. Pour autant, tous évoluent sans cesse et ont toujours soif de plus d’éveil, de hauteur, de recul. On appelle cela l’expérience et la remise en question permanente de ses acquis. Peut-être un pas vers la sagesse… C’est donc à un devoir à plusieurs vitesses auquel s’attache Emmanuel.
Nous entamons ce travail de mémoire et de passation en mai 2021. Emmanuel a déjà connaissance de sa maladie.
Rapidement, il trouve le fil de sa logique et déroule les témoignages. Nous rédigeons le premier jet, le monstre comme on dit en littérature. Mais à la lecture, Emmanuel s’interroge. Il se sent mal à l’aise. « Je me suis exprimé comme un sachant », me dit-il. Le remaniement du plan qui sépare le vécu de ses expérimentations et enfin de la mise en application chez Cahra répond immédiatement à son attente. À partir de là, tout prend un nouveau sens et s’accorde avec le projet d’écriture originel. Il sait désormais qu’il déléguera l’ultime chapitre : la transmission. C’est même une évidence.
Pour répondre de manière pragmatique à la réalité consensuelle, nous ajoutons une partie relative aux limites. Puis, tout naturellement, la posture du manager Cahra prend sa place. En février 2022, soucieux de finir par une ouverture sur l’avenir, il nous offre le plaisir d’un dernier chapitre où il propose quelques pistes de réflexion avant de laisser la main.
Tout au long de nos échanges, Emmanuel a toujours pris soin de respecter sa parole, ses collaborateurs, ses proches et ses futurs lecteurs. Il s’est exprimé sans jamais édulcorer sa pensée ni dissimuler la réalité. Pour autant, c’était naturel pour lui de ne s’intéresser qu’aux faits et aux processus sans jamais juger. Il laisse ce livre comme un ami vous tient la main. Ou plutôt non, comme un ami vous pose la main sur l’épaule et vous laisse libre de vos mouvements. Il voulait juste être là, un peu plus longtemps. Le temps que chacun s’habitue à son absence.
Bien sûr, il a mis un amour tout particulier à témoigner pour laisser une trace à ses filles : Jeanne, Charlotte et Louise et à son épouse, Perrine. Sa maman a également accompagné son écriture en de maintes occasions. Mais tout cela lui appartient, leur appartient.
Si ce livre s’adresse à ses collaborateurs et à ses proches, il est aussi d’une grande richesse pour qui veut s’élever et voir la réalité de manière plus fine, plus subtile. Nous sommes tous forgés par notre histoire, pétris de nos émotions, modelés par notre éducation. Ce livre offre une autre lecture du monde de l’entreprise et du management, celle de l’Homme avant le système, avant la hiérarchie, celle de l’être humain avant tout.
Je vous souhaite au nom d’Emmanuel et de moi-même une très agréable lecture au pays de Cahra, une belle promenade dans les méandres de son ADN.