Reine de beauté

Mes nouvelles

Je suis reine de beauté. Jamais élue toujours admirée ! Je suis La reine de beauté, s’il n’y en avait qu’une, ce serait moi. C’est indéniable ! J’ai le monde à mes pieds. Il fourmille, je le regarde depuis mon piédestal. Et jamais, jamais, je ne cèderai mon titre. Oh, bien sûr, je sais que la beauté est relative, je sais que d’autres sont plus… plus quoi d’ailleurs ? Je ne sais pas. Plus belle ? Plus jeune ? Plus élégante ? Plus pétillante ? Non, je ne crois pas, c’est subjectif tout ça. Moi, je suis La reine. Et celle qui essaiera de me remettre en cause n’est pas encore née.

J’ai fait mes preuves. Les années n’ont pas de prise sur moi. Je ne connais pas toutes ces basses considérations comme les rides, les manières démodées ou l’aspect has-been. Je suis et je resterai.

Je les regarde toutes ces petites prétendantes, ou prétendants d’ailleurs, au trône que j’occupe. Comme ils le convoitent ce trône ! Chaque année, de nouveaux participants se dévoilent, comme s’il s’agissait d’une course infernale. Je souris, ils ne m’atteignent pas à la cheville. Ils font des efforts, se mettent en valeur, se parent de leurs plus beaux atours, se montrent. Ils s’entourent même d’agents qui assurent leur promotion. Les journaux spécialisés les présentent, les vantent. Les critiques les étudient, les comparent, les évaluent. Mais, au final, qui choisit ? Qui détermine celui ou celle qui sera le grand gagnant ? Ce sont les gens, bien sûr, la foule, Monsieur et Madame tout le monde. Car au final, tout se joue sur la popularité, sur l’admiration que la foule aura pour nous, sur le pouvoir que nous exerçons sur elle. Car oui, il s’agit bien de pouvoir, le pouvoir d’envoûter, d’ensorceler, de rendre les gens fiers de nous. Il faut qu’on les représente, qu’ils se reflètent en nous. Il faut leur renvoyer une image qui les valorisera. C’est une sorte de coopération, d’intérêt mutuel, chacun doit y trouver son compte. Comme si les gens nous voyaient lorsqu’ils se regardent dans le miroir.

La beauté par procuration. La classe par procuration. L’élégance par procuration. Les femmes, les hommes, tous doivent se voir en moi. Ils doivent puiser en moi cette petite chose qui leur manque pour être totalement accomplis, épanouis. Ce petit chic, ce supplément d’âme, cette petite note de musique supplémentaire qui fait d’un être commun un être exceptionnel. Je suis, dans un sens, une vitrine. Me voir, avoir le sentiment d’appartenir à mon entourage proche doit pouvoir donner des ailes, insuffler force et détermination.

Car oui, je suis aussi là pour donner. Je me demande même si ce n’est pas ma vraie raison d’être. Apporter aux autres, leur conférer ce pouvoir que certains veulent me prendre. Mais ce pouvoir justement, je refuse de le déléguer à une seule personne, à un concurrent quelconque et unique. Il me semble que ce pouvoir m’a été confié pour que je puisse le redistribuer équitablement. Je décide de qui bénéficiera de mon aura, de ma force intérieure, de ma beauté fatale. C’est une clé qui m’a été confiée. Mon pouvoir est bien trop précieux, il n’est pas question de le gaspiller. Je le garde jalousement pour être bien certaine de maîtriser mon partage. C’est paradoxal ? Non, pas du tout. Mon pouvoir est tellement immense que je me dois d’en prendre soin, de le choyer, de l’embellir. Plus je vieillis et mieux je maîtrise cette offrande. Car oui, il s’agit bien d’une offrande. Je n’ai rien à y gagner, moi. Moi, je suis là, bien implantée, je vous l’ai dit, je suis La reine, la reine incontestable.

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